Comme dans un retour aux fondamentaux, le séminaire éditorialisation avait choisi de consacrer sa dernière séance à l’édition en donnant la parole à deux éditeurs particulièrement actifs dans le domaine du numérique. Dire que l’on se réjouissait de la séance, c’est dire combien l’on fut déçus d’entendre un propos étonnamment réactionnaire sur ce ce qu’était un livre à l’ère du numérique. De par les différentes expériences conduites par Hervé le Crosnier on aurait pu s’attendre à un propos plus disruptif sur l’activité d’éditeur et de la conservatrice de la bibliothèque de Concordia on pouvait espérait un propos détonnant sur la raison pour laquelle des bibliothèques universitaires choisissent aujourd’hui de se faire éditeur. De tout cela, il ne fut pas question. On nous a seriné qu’un livre n’était pas le web. Que c’était un objet fermé, avec un début et une fin. En somme, que toute l’analyse développée par nos collègues sur l’éditorialisation était nulle et non avenue lorsqu’il s’agissait de l’édition. Nous prétendons pourtant le contraire. Et avec force, nous affirmons toujours aujourd’hui qu’à l’ère numérique, un livre devrait aujourd’hui consister en un projet logiciel.
Faire évoluer les pratiques. Reconnaître qu’en tant qu’institution en position de changer la donne.
Après nombreuses expérimentations dans le domaine étape importante du transfert institutionnel à prendre en compte. Potentiel de reconfiguration mais également un risque de dénaturation.
À l’ère du numérique, un livre peut-il se contenter d’être la reproduction homothétique du livre papier ? Autant pouvait-on comprendre qu’à la fin des années 90, il ait d’abord fallu adopter cette tactique pour faire accepter par la communauté un nouveau support pour les revues scientifiques. Ce fut la stratégie adoptée avec succès par le Cléo avec Revues.org. Mais aujourd’hui, une telle approche ne présente-t-elle pas l’inconvénient de renoncer par avance à toutes les possibilités nouvelles offertes par le support numérique ?
Il est tout à fait dommageable que le livre aujourd’hui se retrouve enfermé dans un carcan technique tel que celui qu’ont voulu imposer les acteurs industriels et commerciaux de l’édition. Ce refus se justifie seulement par la frilosité de ce secteur qui redoutait de voir bouleverser son modèle économique. Un modèle économique, faut-il le rappeler qui repose dans le domaine académique, en Europe comme en Amérique du Nord, très largement sur le financement public.
Aussi, qui s’étonnera lorsque la conservatrice de Concordia se voit conseiller par un acteur majeur de l’édition traditionnelle de continuer à imprimer des livres !…
Ligne dans le CV ne peut justifier
Ou ne peut suffire.
Reconnaître position de liberté Qu’a-t-on fait d la liberté qui nous avait été donnée ?
L’argument technique pour justifier de ne pas avancer dans ce domaine est un argument fallacieux.
Enjeux liés à la stabilité du support, les problème de maintenance, de conservation, sont réels mais il faut bien avoir conscience qu’ils sont en grande partie réglés technologiquement depuis longtemps.
Ensemble de technologies XML qu’il est facile de s’approprier, mais que pourtant très peu d’éditeur maîtrise complètement. N’est-il pas étonnant que pendant longtemps en France, seule les Presses universitaires de Caen disposaient d’une chaîne éditoriale de ce type entièrement automatisée ? Pour avoir fait l’effort de nous approprier ces compétences techniques, notamment à l’École des chartes, nous pouvons affirmer qu’elles sont accessibles si l’on veut bien s’en donner réellement la peine.
Mais sans même parler de XML, à l’heure du web, comment justifier que l’on ne s’approprie pas toutes les fonctionnalités de HTML5, de CSS et de JavaScript dont la standardisation autorise une utilisation multiplateforme.